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Jean Françaix, Musique de Chambre, Jean-Françaix (piano et direction), Octuor de France [3 v.]. Indésens 2012 [INDE043].
Enregistré en 1997 à Antony par Félix Pelissier (1 & 2) , et en 2012 au Studio Sequenza à Montreuil par Thomas Vingtrinier et Georges Boyer (3).
Contenu
CD 1
1-4. Quatuor à cordes (1937)
5-7.Sonatine pour violon et piano (1934)
8. Thème et variations pour clarinette et piano (1974)
9-12. Divertissement pour piano et trio à cordes (1933)
CD 2
1-3. Dixtuor pour quintette à cordes et quintette à vents (1987)
4. Huit bagatelles pour piano et quatuor à cordes (1980)
5-7. Nonetto d'après le quintette Kv. 452 de Mozart pour hautbois, clarinette, cor, basson et quintette à cordes (1995)
CD 3
1-4. Octuor pour clarinette, cor, basson et quintette à cordes (1972)
5-8. Divertissement pour basson et quintette à cordes (1942)
9-12. Quintette pour clarinette et quatuor à cordes (1977)
13-15. L'heure du berger pour piano et quintette à cordes (1947)
Critique parue dans ON-TopAudio.fr
Il serait centenaire cette année, le compositeur Jean Françaix, si, la fin de l’été 1997 ne lui avait été fatale. Le label Indésens nous sort un album triple recouvrant onze œuvres de musique de chambre, écrites par lui entre 1933 et 1995. Nul n’est prophète en son pays et Jean Françaix en est la parfaite illustration.
Enormément joué à l’étranger, par les plus grands (Rosenthal, Ansermet, Munch, Karajan, Ormandy, Ozawa), il a été souvent boudé en France. Pas par le public (on le jouait peu), mais par les organisateurs de concert, la presse à la botte, les coteries, les maisons de disques. Et comme il s’est toujours défié des écoles et des modes, il s’est coupé des « faiseurs d’opinion patentés ». C’est bien connu, « les braves gens n’aiment pas que / L’on suive une autre route qu’eux. » Ne soyons pas des braves gens et écoutons donc la musique de Jean Françaix qui est belle, vivante, et originale. Sur le premier CD, on retrouvera Jean Françaix lui-même au piano (les enregistrements ont été réalisés en 1996) jouant le Divertissement pour piano et trio à cordes (1933), sa célèbre Sonatine pour violon et piano (1934) son Quatuor à cordes (1937) et le Thème et variations pour clarinette et piano (1974). Il a pour partenaires Jean-Louis Sajot (cl), Yuriko Naganuma (vln), Sylvie Sentenac (vln), Laurent Jouanneau (avln), Paul Broutin (cello) et Philippe Blard (b). Le deuxième CD, avec les mêmes, Jean Françaix dirigeant l’ensemble, voit l’effectif augmenté de Vincent Prats (fl), de Philippe Grauvogel et de Jean-Marie Poupelin aux hautbois, de Laurent Lechenadec et Cyril Esposito aux bassons et de Jean Pincemin (cor) pour le Nonetto de 1995, d’après le quintette K452 de Mozart. Ce sont les mêmes (pas tous), qu’on trouve dans le dixtuor pour quintette à cordes et quintette à vents de 1987. Une musique simple, mais pas simpliste, élégante, aux accents ravéliens, loin des dodécaphoneries et des «musiques conceptuelles » très à la mode dans les cercles germanopratins. On trouve aussi sur ce deuxième CD, ce qu’il a appelé les Huit bagatelles pour piano et quatuor à cordes, de 1980. Une pièce pleine d’humour. Le troisième CD a été enregistré en 2011, donc après le décès de Jean Françaix. C’est l’Octuor de France, avec qui il avait beaucoup collaboré dans les dernières années de sa vie, qui lui rend ainsi hommage en interprétant quatre morceaux très agréables, dont un en premier enregistrement mondial, l’Heure du berger pour piano et quintette à cordes, qui date de 1947 et clôt ce CD. C’est David Braslawsky qui est au piano et si on vient d’entendre trois artistes du quintette (Naganuma, Jouanneau et Broutin), en revanche le second violon est tenu par Jean-Christophe Grall et la contrebasse par Jean-Olivier Bacquet. Trois mouvements amusants portant les titres humoristiques de Vieux Beaux, de Pin Up Girls et des Petits Nerveux (aucun rapport avec qui que ce soit, parti récemment en vacances obligées au Maroc). Auparavant, on a l’Octuor pour clarinette, cor, basson et quintette à cordes, avec Jean-Louis Sajot (cl), Antoine Degremont (cor) et Lola Descours (basson), quatre mouvements dont une superbe valse, couplée à un galop très vif. Il y a aussi un Divertissement pour basson et quintette à cordes, de 1942, et un Quintette pour clarinette et quatuor à cordes de 1977. Toujours cette musique d’apparence facile, mais d’apparence seulement, agréable à l’oreille, gracieuse et pétillante comme du champagne. De ce triple CD, il apparaît que Jean Françaix a manifestement toujours cherché son chemin tout seul, hors des conformismes, fussent-ils anticonformistes et que cela donne une musique bien agréable à écouter. Trop enjouée sans doute pour ceux qui pensent que la profondeur se doit d’être profondément ennuyeuse. Tant pis pour eux.
Yvette Canal
www.indesens.fr
www.indesensrecord.com
www.octuordefrance.com
www.jeanfrancaix.org
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